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vendredi 21 décembre 2012

T'es orthophoniste ? Non, coach en orthographe...

Je déprime.
A l'heure où les orthophonistes se battent pour la reconnaissance de leur formation et de leur champ de compétences, il y a encore des marioles pour jeter le discrédit sur notre profession et sur notre travail.
Oui parce que bon, les orthophonistes, elles (premier point : ceux qui nous critiquent disent souvent "elles" pour parler des orthos, analyse ça comme tu veux...) n'y connaissent rien en troubles de l'orthographe. Leurs quatre années d'études ? Leur mémoire de recherche ? Peanuts. Tout juste bonnes à prendre les sous des patients et à profiter du système de sécurité sociale, tiens. Bouh, c'est moche.
Mais heureusement, il y a... Les coachs en orthographe.
Parce que les coachs en orthographe, EUX, savent vraiment de quoi ils parlent. Ils ont fait des recherches. Ils se sont documentés. Et même, parfois, ils sont eux-même passé par la case "j'ai un problème", et chacun sait qu'il n'y a personne plus au courant d'un trouble que celui qui en souffre. Même que c'est pour ça, sans doute, qu'ils n'ont pas besoin d'aide ? Hm, je m'égare...
Les coachs en orthographe, EUX, ils ne font pas ça pour le fric, hein, ils font ça par pur altruisme. Et si leurs méthodes coûtent un rein de demi, c'est juste pour rentrer dans leur frais, bien sûr. EUX n'en tirent presque pas de bénéfice. Ahem.
Les coachs en orthographe, ils sont formidables, quoi... Heureusement qu'ils sont là pour rattraper les dégâts causés par l'éducation nationale et que les orthophonistes ne savent pas prendre en charge correctement.
Rhaaaaa...


Pour moi un coach c'est plutôt ça, alors j'ai du mal à saisir...
"Alleeeeeeez, encore un effort ! Et B et A et ça fait BA, et B et A et ça fait BA !"
Non ?!
 
J'ai déjà parlé ici d'une merveilleuse méthode pour vaincre la dyslexie sans orthophoniste.
Ben y'en a d'autres. Plein. Elles fleurissent, même. Style monstroplantes dans le vaisseau de Joyce, conquérant de la lumière (si tu ne vois pas à quoi je fais référence, c'est que tu as plus de 35 ans et moins de 25, démasqué, ah ah ah !).
Celle dont on entend beaucoup parler en ce moment, c'est la méthode de Anne-Marie GAIGNARD. Elle a écrit un livre formidable : "La revanche des nuls en orthographe", et propose une méthode qui permet de régler tous les problèmes d'orthographe (si, si !) en deux temps trois mouvements, le 3ème mouvement incluant la signature en bas d'un gros chèque.
Mais que je suis mauvaise langue me diras-tu !
Ce à quoi je réponds : carrément.
Tout à fait parti-pris, ce billet. Je défends ma profession, si, si. Y'aura pas grand monde pour le faire à notre place, pas vrai ?
Ceci dit il suffit d'analyser un peu le discours de la dame pour comprendre où le bas blesse.
Et là, je tire mon chapeau bien bas à Marie-Pierre Thibault, orthophoniste et docteur en linguistique, qui a su rester calme et démontrer (démonter ?) point par point que les arguments de Mme Gaignard ne reposent pas sur grand chose...

"L'orthographe -13 Décembre 2012" (RCF)

Y a-t-il une fatalité orthographique ? Pour certains, chaque mot est une succession de questions... Etre mauvais en orthographe peut être vécu comme une véritable souffrance, voire un handicap. Stéphanie Gallet et ses invités recueillent vos témoignages.
L'émission est là : http://podcast.rcf.fr/emission/142408/438841
Profitez-en, on peut la réécouter encore un moment.


Bon, alors, je lui reproche quoi, à la méthode de Mme Gaignard ?
Pas grand chose, en fait, elle me semble même plutôt pas mal, pour le peu que j'en ai vu.
Non, ça n'est pas la méthode, mon souci, à vrai dire.


Entendons-nous bien encore une fois : s'il existait un méthode capable de régler tous les soucis de lecture et d'écriture, je suis convaincue que 1 - on l'aurait trouvée (ortho, instit, coach, qu'importe !) et que 2 - on l'aurait diffusée. Et que forcément, il y aurait consensus.
Le hic, quand on parle de troubles spécifiques du langage écrit (l'appellation "officielle" de la dyslexie - dysorthographie), c'est que justement, ce sont des troubles... Spécifiques ! Et que donc, il faut adapter, moduler, personnaliser les moyens, les méthodes, les mises en œuvre des aides apportées pour remédier à ces troubles.



Baguette de Harry, baguette d'Hermione, baguette de Ron...
Et la baguette de l'orthophoniste, elle est où ? Et celle du coach ?
Ah ben non, y'en a pas, c'est bien ce qui me semblait...

Alors il est où le problème ?
Pour moi, il réside dans la présentation qu'en fait Mme Gaignard, et sur les arguments qu'elle avance.
Je fais la liste ? OK, c'est parti !
  • Pour Mme Gaignard, la dysorthographie n'est pas le résultat d'un fonctionnement cognitif spécial, c'est la conséquence d'une mauvaise méthode d'apprentissage de la lecture (vlan dans les dents les instits, y'a pas de raison qu'il n'y en ait que pour nos pommes).
  • Du coup, les orthophonistes sont peut-être utiles pour les dyslexiques (merci bien !), mais pas pour les dysorthographiques "purs" (les impurs, peut-être, ch'ais pas...). Non, pour eux, y'a la méthode de Mme Gaignard...
  • ... la dite méthode est en fait un condensé de nombreuses autres méthodes que les orthophonistes connaissent bien (de la gestion mentale, de la lecture flash...). C'est un peu gonflé de prétendre avoir inventé toute seule comme une grande cette méthode, du coup.
  • Les orthophonistes ne prennent pas en charge les adolescents (ni même les adultes, n'en parlons pas !), alors heureusement qu'elle est là ! [Je jette un oeil à mon agenda : 5 ados cette semaine... Et ma copine Christel, elle donne des cours en institut d'orthophonie sur la prise en charge des adolescents, m'enfin moi j'dis ça...]
  • Un souci majeur : Mme Gaignard confond allègrement retard et trouble. C'est terrible. Parce qu'un retard se rattrape, mais un trouble se compense : il est constitutif du fonctionnement de la personne, il faut donc mettre en place des moyens de remédiation, personnalisés et adapté au fonctionnement cognitif constaté... Du coup, si on propose une méthode prévue pour les retards à quelqu'un qui présente un trouble (ou inversement), y'a comme un problème.
  • Autre confusion de taille : celle que Mme Gaignard fait entre lecture et orthographe. Au cours de l'émission, elle utilise l'un comme l'autre, et malgré les recadrages de Mme Thibault, elle en reste à l'amalgame. Ce ne serait pas si grave si justement cette coach ne se targuait pas de "soigner" les dysorthographies "pures"...
  • Bon, en même temps, Mme Gaignard semble avoir quelques problèmes avec le sens des mots : je rigole (jaune) quand elle reprend Mme Thibault qui indique qu'il existe des hypothèses génétiques pour la dyslexie. Mme Gaignard ajoute alors, visiblement sûre de voir là une justification de sa méthode, que ça n'est pas prouvé. Ben oui, c'est un peu le principe des hypothèses... Bref.
Au final, cette émission était une occasion de plus pour Mme Gaignard de faire la promotion de sa méthode. C'est qu'avec 70 "formateurs homologués", elle peut en prendre en charge, du monde !
A part ça, Mme Gaignard a été reçue au ministère, elle
(Tu la sens, mon aigreur, là ? Je suis courroux et consternation). C'est vrai que pour parler des troubles du langage écrit, il vaut mieux faire appel à une coach en orthographe qu'à un spécialiste, comme, au hasard, euh... Un orthophoniste ? [J'ai entendu dire qu'elle était parente avec notre premier ministre. Info ou intox, je n'ai pas trouvé d'information claire à ce sujet, mais n'empêche que ça expliquerait bien des choses]

Bon, ceci dit, je m'enflamme, mais ce ne sont pas les orthophonistes les plus à plaindre dans cette affaire. Non, nous, nous sommes juste accusée de "coûter cher à la sécu" avec nos méthodes inefficaces et inadaptées (Mais, euh... Ce ne sont pas les mêmes qu'elle utilise ? Ben si, pourquoi ?). C'est surtout l'éducation nationale qui en prend pour son grade, accusée de "fabriquer" des "dysorthographiques purs".
Quand même, elle se dit scandalisée que des orthophonistes lui demandent des informations sur sa méthode; elle y voit le signe de notre incompétence. Moi, j'y vois surtout une volonté de mes confrères-zet-soeurs de se documenter et d'enrichir leurs interventions (après tout, si cette méthode est si formidable, pourquoi vouloir en priver les patients des orthophonistes ? Par pur intérêt mercantile ? Teuh teuh teuh, que c'est vilain de dire ça...).

Bon, ceci dit, tant qu'il y aura des orthophonistes pour faire du soutien scolaire remboursé par la sécu sous prétexte de rééducation orthophonique (oui, il y en a...), on aura du mal à être crédible.
Surtout que parfois, y'a même pas besoin d'autres professionnels que les orthophonistes pour ridiculiser la profession. J'y reviendrai (mais une seule note à ce sujet par semaine, je frise la démotivation...).


commercial vs ortho.png
Demandons à Google : à gauche, une image pour "commercial", à droite une autre pour "orthophoniste". Bon, ben ça colle pas des masses...

Je laisse le mot de la fin à une de mes consœurs qui résume parfaitement le fond de ma pensée, et qui en rajoute une louche : 

"J'ai admiré MP Thibault pour son calme impressionnant. Ceci dit, peut-être que je me trompe, je trouve que son propos, qui nous parle évidemment à nous, ortho, est moins accessible aux non-initiés que Gaignard (avec ses raccourcis, ses affirmations, son côté mélo-dramatique... bref ses exagérations). Eh oui, les vérités sont moins vendeuses... Sauf que, et peut-être, aurez-vous ressenti le contraire, bah moi je trouve que les orthos, de par leur honnêteté intellectuelle, savent moins "se vendre" et s'affirmer... Bah ouais, on n'est pas des commerciaux et ça se voit. Et sinon, je trouve qu'il manquait, pour les non initiés, un rappel sur les différents types d'orthographe (phonétique, lexicale, grammaticale). Mais globalement, contente qu'on pense aussi aux orthos pour la question de l'orthographe... " (signé Anne Frouard, oui, encore une Anne, y'en a trouze-mille dans la profession, à croire que c'est un pré-requis à la fonction d'orthophoniste, ce prénom).

Bref, nous, on est trop gentil, en fait. On ne sait pas se défendre (y'a qu'à voir le nombre de publications sur l'autisme par les psychologues, et si peu par les orthophonistes, alors que les Troubles du Spectres Autistiques, on s'en occupe nous aussi, hein, faut pas croire !) et encore moins se vendre.
Pas commerciaux dans l'âme, les orthos !
C'est peut-être ça, le fond du problème ?
Faudrait peut-être qu'on arrête d'être gentil-le-s finalement...
Mon âme de bisounours se révolte !

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Ah ah ! Quand je tape "orthophoniste + commercial", je tombe sur un site de cadeaux estempillés "speech-therapist" : !
On y trouve entre autres choses un tee-shirt comme ça :
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Et une tasse qui porte un message que je ne peux qu'approuver !
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mardi 18 décembre 2012

Mathis III, suite et... fin ?

Le deuxième et dernier rendez-vous de Mathis était prévu pour aujourd'hui, à 14h45. Maintenant, quoi... Bien sûr, tu le sens venir gros comme une maison Phénix modèle familial. Et oui.
J'ai repris à 14h cet après-midi, après une loooongue pause passée à cavaler pour aider les lutins (Noël is coming !). Quand je suis arrivée au bureau, mon répondeur clignotait.
13h05 : "Oui, c'est la maman de Mathis, vous pouvez me rappeler au XXX pour me dire si c'est bien aujourd’hui que Mathis a rendez-vous ? J'attends votre appel !"
13h23 : "Bon, c'est encore la maman de Mathis. Ben comme j'ai pas de nouvelles j'amène pas Mathis, hein. Rappelez-moi pour l'autre suivi après le déménagement s'il vous plait."
Oui, la maman de Mathis a du mal à gérer l'attente, et ne semble pas comprendre que j'ai une vie. Parfois, je dors, parfois, je mange, et parfois, j'ai autre chose à faire. Comme elle, quoi, qui a tout le temps autre chose à faire.

Je la rappelle donc dès mon retour, pour lui confirmer que oui, nous avons bien rendez-vous aujourd'hui, que j'attends Mathis dans 45 minutes, et que...
"Ah ouais mais non, c'st pas possible, là on a le camion du déménagement qui est en bas et il attend pour les cartons, alors j'peux pas venir !"
Hm... Donc en fait, quand elle m'a appelé à 13h05 elle savait déjà qu'elle ne pourrait pas venir. J'ai du mal à imaginer qu'on puisse programmer la venue d'un camion de déménagement à 13h24 (je lui laisse quand même une minute pour me laisser le message) pour 14h00. Tout ceci m'enchante.

Mais Mathis, alors, je le vois quand, pour lui dire au revoir (quand même !) et préparer la suite du suivi orthophonique après son déménagement ?
"Je vais passer vendredi, vous me préparez un courrier pour dire à l'autre orthophoniste qu'elle doit absolument lui trouver une place vite d'accord ?
- Mais, euh... Quelle orthophoniste ? Vous avez déjà contacté quelqu'un ?
- Ben non, mais j'vous ai dit qu'on partait, j'vous ai demandé d'en trouver une !
- Mais madame-la-maman-de-Mathis, ça n'est pas à moi de m'occuper de ça ! C'est à vous de contacter un orthophoniste et je lui transmettrai le dossier de Mathis, d'accord ?
- Ah oui mais non, j'ai pas que ça à faire, moi. Alors je passe vendredi et vous me donnez le courrier avec les adresses des orthos dans le coin ! Merci, à vendredi !"
Et... Elle a raccroché.

Je ne reverrai donc pas Mathis.
Ni aujourd'hui, ni un autre jour.
Et, bien sûr, il n'y a pas d'orthophoniste dans le village où il va habiter, ni même dans les environs.

Voilà, voilà...
orthophonie, déprime

mercredi 28 novembre 2012

Mathis II, où l'histoire qui n'a ni début ni fin.

Tu te souviens de Mathis (qui ne s'appelle pas Mathis, évidemment, tu te doutes bien) ? Tu te rappelles de cet entretien ubuesque qui aurait pu être drôle au 47ème degré ? Tu te remets ce petit bonhomme qui interpelle la fameuse "neutralité bienveillante" ?
Y'a des patients comme ça... Tu sais où est ta place, mais tu sais aussi que là, tu ne peux pas rester dans ta position de "simple" orthophoniste, que tu n'es pas un robot déshumanisé, et que toute cette souffrance, toute cette misère, va falloir s'en occuper aussi.
Alors tu retrousses tes manches, et tu te mets au travail comme d'autres partent en guerre.

Avant la bataille :

J'ai envoyé des courriers, j'ai appelé le médecin, j'ai laissé des messages à l'école, j'ai contacté l'hôpital, et j'ai repoussé les limites de mon emploi du temps pour faire une place à Mathis. Et puis j'ai attendu. Attendu que sa mère me rappelle, réponde à mes messages, pour que les séances se mettent en place.
Un mois, deux mois... Rien.
J'ai rappelé le médecin. Normalement, je ne fais pas tout ça : les gens connaissent les règles du jeu, à eux de les respecter. Mais quand on sent que ça ne tiendra pas si on ne fait pas plus de la moitié du chemin, alors que le besoin est là, on avance. On tend la main. Loin, loin, en avant, jusqu'au bout des doigts tendus à l’extrême, pour qu'il n'y ait plus qu'un tout petit geste à faire pour s'en saisir. Mais parfois ça ne suffit pas.
Le médecin, donc. Et puis l'école, à nouveau.
Et puis un matin, je suis en séance, et l'interphone sonne : c'est la maman de Mathis. Elle est en colère, parce qu'elle n'a pas de nouvelles, et puis alors "vous allez vous en occuper ou bien ?". J'explique les appels, les messages, l'attente... Elle se calme d'un coup : elle a changé de téléphone, elle avait oublié de me prévenir. Sourires gênés. On respire. On prend rendez-vous. La semaine prochaine, Mathis viendra. Ouf.

... Ou pas.

Le premier rendez-vous :

Il est 15h20, Mathis a rendez-vous à 15h30, ça sonne, ça doit être lui. J'appuie sur le bouton, j'entends la porte d'entrée qui s'ouvre, puis... Celle de mon bureau. Oui mais là je suis en séance. La maman de Mathis me demande si j'en ai pour longtemps :
- Dans 10 minutes madame !
- Ben parce que là on attend, et Mathis il aime pas ça !
- Personne n'aime attendre, je comprends, mais le rendez-vous est à 15h30, et là je suis en séance, vous pouvez fermer la porte s'il vous plaît ?
- Je peux pas vous envoyer Mathis ? Il va attendre avec vous, ça ira !
- Euh... Mais non ! Il attend dans la salle d'attente et quand ce sera l'heure, je viendrai le chercher !
Elle referme la porte en grommelant. J'entends Mathis qui crie derrière. Ça s'annonce bien...

15h30 (youpi je suis à l'heure !), je raccompagne ma patiente dans la salle d'attente où Mathis m'attend avec sa maman. Et deux messieurs, qui sont en train de fumer à la fenêtre. Oui, dans ma salle d'attente, celle où je mets du chauffage, des rideaux, des coussins : ils ont ouverts en grand les fenêtres et ils fument. Je leur indique qu'ils sont priés de sortir pour fumer, et de ne pas ouvrir les fenêtres comme ça, je n'ai pas envie de chauffer la rue, merci. "Non, mais ça va, quoi, on a ouvert les fenêtres c'est bon !". Ben non c'est pas bon ! Ils râlent, je râle, ils sortent, laissent la porte grande ouverte, je la referme derrière eux, ils la rouvrent en gueulant, je leur explique encore une fois que porte ouverte / froid / chauffage / fumée... Ils re-râlent, je re-explique, ils sortent. Pfiou...
Bon, à Mathis : comment ça va ? Il ne me répond pas, mais tire sur les cheveux (!) de sa mère pour qu'elle se penche vers lui, et lui chuchote quelque chose. Elle me transmet l'information :
- Ah oui, il dit qu'il veut un thé !
- ?!
- Ben il veut boire un thé, quoi !
- Mais, euh... Non, là, on va aller travailler et jouer dans mon bureau, pas boire un thé !
- Nan mais c'est parce qu'avant il buvait du café mais l'assistante sociale elle a dit qu'il fallait pas alors il boit du thé, c'est bien non ?
- Euh, si, si, mais...
- Ben vous en avez du thé, non ?
- Oui mais c'est pour ma pause, le thé, là, nous allons travailler avec Mathis, pas boire un thé.

Bon, Mathis finit par rentrer, en ronchonnant lui aussi. Décidément... Je lui demande qui sont les deux messieurs qui fument leurs cigarettes dans la rue (en faisant un cairn de mégots devant la porte d'entrée, passons...) : "Y'en a un, le vieux, je sais pas, l'aut' c'est le copain à maman, mais des fois il s'battent alors maman elle crie et puis il s'en va, et puis après y r'vient et y dit qu'il va plus la taper alors il r'vient à la maison, et puis des fois il dort pas à la maison mais ailleurs ch'ais pas où et j'm'en fous". Hm. OK...

La séance se passe sans souci majeur, si ce n'est que Mathis ne répond pas forcément à mes demandes : il a une idée en tête, et répète en boucle ce qu'il veut, de plus en plus fort, en finissant par crier, pour l'obtenir. Apparemment, c'est comme ça qu'il fonctionne à la maison, il a l'air surpris que ça ne fonctionne pas ici... En lui proposant des jeux je réussis à l'amadouer et à lui faire dire quelques mots, grande victoire.
Fin de séance, je le raccompagne en salle d'attente : les deux hommes fument toujours assis sur le pas de la porte, la porte est grande ouverte (grrrr...), madame me demande si Mathis a bien travaillé. Je lui explique que pour la première séance, nous avons surtout joué - et posé le cadre -, pour apprendre à nous connaître. Réaction immédiate de la mère qui lève la main en criant : "Quoi ? T'as pas bien travaillé ?" Mathis se couvre la tête de ses bras. OK, OK, OK, il a SUUUUUPER BIEN travaillé, tout va bien...
"Bon, il a le droit à son thé alors, hein ?"
Soupir...


La deuxième séance :
 
Mathis n'est pas venu. Pas de message sur mon répondeur, rien....
J'attends la fin de la semaine et je l'appelle. 


Une semaine plus tard :
 
Je n'ai pas réussi à joindre Mathis. J'ai laissé un message au nouveau numéro que madame m'a donné, sans retour. Quand j'ai appelé une seconde fois, une voix pré-enregistrée m'a informée que "le numéro de votre correspondant n'est pas attribué, veuillez consulter....". J'ai raccroché. 

La semaine suivante :
 
Je suis en réunion à l'heure où Mathis est censé venir. J'ai laissé un mot sur la porte, au cas où il viendrait. J'y indique que je n'ai pas de nouvelle, qu'il faut qu'ils m'appellent, et qu'ils me donnent un moyen de les contacter.
Rien. 


Encore une semaine plus tard :
 
J'ai programmé un autre rendez-vous à 15h30, je ne peux pas laisser une place vacante comme cela, trop de gens attendent...
Et paf, quand j'ouvre la porte, qui vois-je ? Mathis et sa maman... Sa maman qui présentement enguirlande la dame qui est là "à sa place". Euh... Ben non, madame, ça fait 1 mois que je n'ai pas de nouvelle, j'ai essayé de la joindre, sans succès, j'ai donc donné un rendrez-vous à quelqu'un d'autre. Elle m'engueule. Je ré-explique. Un "fait chier" fuse, ainsi que, je crois, un "connasse" à voix basse. Euh.. Pardon ? Elle relève la tête avec un air de défi. Je ne baisse pas les yeux, et je dois avoir l'air assez en colère moi aussi... Elle regarde ses pieds, marmonne, Mathis se met à pleurer, et elle aussi. Oui, oui. Mon autre patiente ne sait plus ou se mettre. Je lui fait signe d'entrer dans mon bureau et de s'installer pendant que je règle ça. Elle accélère en passant devant la maman de Mathis.

Bon... Je reprends mes explications, et elle ses justifications : c'est à cause de sa fille, elle a fugué, alors elle était occupée et elle a pas pensé à m'appeler, et puis après elle avait plus de forfait et puis on lui a chouré son téléphone, et puis et puis... OK, stop, on inspire, on expire. Je donne un rendez-vous pour la semaine suivante, même jour, même heure, et s'il y a un problème, il faut m'appeler, d'accord ? D'accord. Bon. 

Le deuxième - deuxième rendez-vous :
 
Le matin, en arrivant au bureau à 8h45, j'ai écouté les messages sur mon répondeur. Il y en avait un laissé à 2h35 du matin : la maman de Mathis, qui me demande de la rappeler "super vite".
Un autre message, lui laissé à 7h20 : "Vous m'avez pas rappelé, là, c'est la maman à Mathis, faut qu'je vous parle !" (ben non, j'ai pas rappelé entre 2h30 et 7h du matin...).
Je l'appelle donc. Et je résume :

Mathis ne viendra pas, parce que là elle n'a pas le temps de l’amener, elle fait des cartons et des valises : ils vont déménager le 04 janvier. A la campagne. C'est les HLM qui lui ont trouvé une petite maison dans un village au calme, ça va faire du bien à Mathis et puis "ses frères y f'ront moins d'conneries comme ça" parce que là où elle est ça craint. Mais comme elle n'a pas de voiture, elle ne pourra pas me l'amener. Est-ce que je connais un orthophoniste dans ce coin-là qui pourrait s'occuper de Mathis ? Bon, ils vont quand même essayer de passer la semaine prochaine pour me dire au revoir (un au revoir dès la deuxième séance, c'est un concept...), mais après ce sera trop compliqué "avec tous les trucs du déménagement là".
Bon, ben... Voilà, voilà voilà.
Mathis : the end.
Les suivis express comme ça, je préfère quand c'est parce que tout va bien...

jeudi 1 novembre 2012

[1/3 temps et examens] To dys or not to dys, that is the question...

C'est une question qui me turlupine depuis un moment déjà.
Outre le fait que j'aime beaucoup le verbe "turlupiner", c'est une interrogation sérieuse.
Et je ne suis apparemment pas la seule.
Chez les orthophonistes (ah oui, tiens, ça faisait longtemps !) le débat fait rage. Bon, OK, rage, c'est peut-être un peu fort, mais enfin, ça interpelle, quelque part.
Mais je t'explique...

Quand on souffre d'un handicap, on a le droit à des aménagements.
Quand on est dyslexique, dysorthographique, dyspraxique, dystruc ou dyschose, on a souvent le droit à un tiers-temps supplémentaire pour les épreuves écrites. Et c'est logique : quand on galère pour lire et/ou pour écrire, c'est un peu normal qu'on ait le droit à quelques aides pour compenser au mieux, non ? Si.

sotp.jpeg
La dyslexie peut provoquer des accidents de la route. Si.

Le truc, c'est que pour obtenir cet aménagement, il faut faire un dossier qui passe en commission auprès de la MDPH. Késako ? La MDPH, c'est la Maison Départementale des Personnes Handicapées. Oui, c'est un très bel acronyme. Et je vous laisse imaginer la tête des patients quand on leur explique qu'on va les accompagner pour monter leur dossier MDPH... Oui, oui, le H c'est pour "handicapées", oui, oui, je parle bien de vous / votre enfant", erf, ça calme. Bref. Passons, on n'est plus à ça près...
Donc, on remplit un dossier de demande d'aménagement. C'est le même quelque soit le handicap, avec une rubrique "autonomie" à remplir pour indiquer si l'intéressé est capable d'aller aux toilettes tout seul par exemple, ça aussi ça rassure vachement les parents d'enfants dys, youpi-tralalou. Re-bref, re-passons, et revenons à nos bouftous.

Le dossier, donc. On y coche les petites cases (j'adore cocher des cases pour parler d'un de mes patients chéris d'amour !), on remplit tout un tas de rubriques et on joint au dossier tous les éléments qui peuvent aider la commission de la MDPH de statuer sur la demande.
Et parmi les pièces à verser au dossier en cas d'aménagements de ce genre, qu'est-ce qu'il y a ? Allez, allez, tu vas trouver, c'est facile : c'est encore un acronyme en 4 lettres, la terreur des orthophonistes-à-la-bourre (comme moi), le caillou dans la chaussure de mes moments de détentes : c'est le... Le... *musique de film d'horreur* CRBO.
CRBO aka Compte-Rendu de Bilan Orthophonique, alias ma CRyBtOnite à moi.


superman-and-kryptonite.jpg
Orthophoniste face à sa pile de CRBO en retard (allégorie en toute modestie).

Le CRBO doit avoir moins de 6 mois, rendre compte des compétences et difficultés du patient, et proposer un projet thérapeutique le cas échéant. C'est pas moi qui le dit, hein, c'est notre nomenclature générale des actes orthophoniques.
Personnellement, je ne sais pas comment s'en sortent les collègues, mais pour rédiger un bon CRBO (avec les belles phrases, les normes et les étalonnages, les explications et tout et tout) il me faut facile une petite heure. Hors temps de passation des tests, bien sûr, je parle juste de la rédaction. Mais je ne suis pas une rapide... Ceci dit, je progresse ! Quand je suis bien lancée, je peux tenter de finir le CRBO en moins de 40 minutes, youhou, champagne et cotillons.
C'est vous dire mon désespoir actuel : j'ai fait le calcul, j'ai bien 9 CRBO à rédiger pour avant-hier. Argh...

Bon, et alors, c'est quoi le hic ? Le questionnement existentiel ? L'interrogation qui turlupine ?
Ben je vais te dire :
Ce qui m'interpelle, c'est que la commission de la MDPH et moi, on n'a pas toujours le même rapport au handicap.
Pour la dyslexie-dysorthographie, par exemple, également appelée "troubles spécifiques du langage écrit", on n'a déjà pas la même définition.
Ainsi pour la MDPH, comme pour l'Education Nationale, la dyslexie se caractérise par un déficit de plus de 2 écarts-type par rapport à la norme. Hein ? Quoi ? Je te parle chinois ? Bon, en gros, l'écart-type, c'est la moyenne de la moyenne (je te laisse faire une petite recherche avec "courbe de Gauss et écart-type" par exemple, ça va illuminer ta soirée...) : quand tu es à 0 déviation standard, ça veut dire que tu es dans la moyenne, à -1 DS ça craint mais ça va encore, et en dessous de -2 DS pif paf pouf, t'es dans le pathologique, vlan.


Distribution_normale.jpg
L'orthophonie, c'est plus fun qu'il n'y parait...

En gros et pour résumer très trèèèèèès sommairement, la MDPH considère que si tes capacités en lecture et en écriture sont très éloignées de la norme, alors tu es dyslexique (voilà, je vais me mettre tous les membres de la MDPH à dos avec mes raccourcis, c'est malin...).
Je précise quand même que j'ai déjà lu sur un forum réservé aux enseignants (mais j'y suis allée quand même) que cet écart de plus de 2 DS c'est "la définition même de la dyslexie". Comme quoi mes raccourcis grossiers ne le sont pas pour tous le monde. Re-re-bref.
Sauf que bon, comment dire... Ben oui, mais non.
La dyslexie, c'est un trouble qui se définit communément par exclusion : tout va bien, sauf que pour la lecture, ça va pas. Pas de problème de vue ni d'audition, pas de déficience, pas de blocage psychologique, pas de gros loupé dans le cursus pédagogique, non, non, ça va pas trop mal, merci, mais pour lire : que dalle, nada, keutchi (tiens, ça s'écrit comment ça ?), ça veut pas, ça veut pas.
Encore une fois, je fais dans la peinture de chantier, mais on pourrait présenter la dyslexie en nuances de pastels, hein, mais bon, on n'a pas trois heures non plus devant nous...
Ah, précision importante : la dyslexie est un trouble. Un trouble et un retard, ça n'est pas la même chose. Du tout. Un retard, ça se rattrape. Un trouble, ça se compense, mais ça ne se "rattrape" pas.
Du coup, présenter la dyslexie comme un simple écart par rapport à la norme, c'est forcément très réducteur. Et ça ne marche pas !

Tiens, prenons deux exemples volontairement exagérés, pour illustrer le schmilblick :
n°1 - Pimprenelle est une charmante jeune fille dont la motivation par rapport au travail est au moins aussi faible que mes chances de gagner à l'Euro-Million (surtout que je n'y joue pas), et dont le poil dans la main peut être comparé à un baobab centenaire. Pimprenelle n'est pas déficiente, elle n'est pas dyslexique, juste elle s'en bat l'oreille avec une patte de zébu de l'école, et de tout ce qui va avec. Comme elle n'est pas bête, elle a réussi à passer de classe en classe, toujours limite, avec un ou deux maintiens quand même (on ne dit plus redoublement, hein ! 'tention !), mais bon, les résultats c'est pas ça... Arrivée en 3ème, elle a un niveau tellement exécrable en lecture et en écriture que d'aucuns se demandent si, quand même, elle ne serait pas dyslexique, ou dysorthographique, ou les deux... Elle fait des tests et BAAAM : les résultats sont dans les choux, et même encore plus, limite au niveau des racines, hop, elle est en dessous des fameux -2 écarts-types.
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Pimprenelle en plein effort. Elle vient de passer 1h à tchatter au lieu de faire ses devoirs, et quand on se moque de son orthographe calamiteuse elle réplique "T tro nul, C paske chui dissleksik ! lol "

n°2 - Toto est un chouette gamin curieux et ouvert, vif et intelligent, mais pas de bol, lui, il est dyslexique. Un vrai, un tatoué, un pour lequel le diagnostic ne fait aucun doute. Ah ça, il en a eu des séances de rééducation avec son orthophoniste, il en a fourni des efforts, en classe, à la maison, tous les jours et partout, pour pallier à ses difficultés, pour compenser, pour trouver le moyen d'y arriver malgré tout, pour contourner le problème et arriver au résultat comme les autres ! Du coup, Toto, quand en 3ème il est face à son DS, il s'en sort. Plutôt pas mal, même. Bon, OK, ça lui demande toujours un peu plus de temps et d'énergie que les autres, mais dans l'ensemble il s'en sort bien ! Et si on lui fait passer des tests ? Pas mal, Toto, pas mal ! Il compense tellement bien que, malgré une petite lenteur, il arrive à des résultats proches de la norme.
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"Hey ! y'a deux A au milieu du rond, c'est rigolo ! ... C'est quoi comme mot, sinon ?" s'exclame Toto en CE1. Moui, presque...

Maintenant, repense à ce que je t'ai expliqué avant, concernant les normes, les obtentions de tiers-temps, tout ça... Qui va l'avoir, l'aménagement pour les examens, Pimprenelle ou Toto, hm ?

Alors certes, j'exagère. Mais pas tant que ça. Ça pose vraiment question, c't'histoire, vois-tu.
Ne serait-ce que parce que des demandes de "bilan pour tiers-temps" *, j'en ai plein. De plus en plus. Parfois (souvent !) pour des jeunes qui n'ont jamais eu de suivi orthophonique, parfois 10 ans après la fin d'une prise en charge, parfois... Pour rien. Mais parfois, aussi, on découvre des jeunes dyslexiques vrais, qui ont plus ou moins compensés tout seuls, qui s'en sortent pas trop mal, mais quand même plutôt mal que bien, et qui respirent le jour où on leur explique que oui, en fait, ils sont dyslexiques, et pas fainéants / dans la lune / pas doués.

* pirouette cacahouète : ah non, désolée madame/monsieur, je ne fais pas de "bilan de tiers temps", je fais des bilan orthophoniques d'investigation (et j'y tiens !).

Alors voilà. Je m'interroge.
Dois-je sortir ma coquille de Caliméro ? Ou est-ce que je pars en vrille pour rien ?
Un dyslexique qui a compensé a-t-il plus le droit qu'un "dysréfléchi" à des aménagements ?
Où commence le trouble ? Où finit le retard ?
Pourquoi, pourquoi tant de questions sans réponses ?

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Et pour finir, quelques perles (ça faisait longtemps !) :

"Allo, j'ai bien reçu le compte-rendu de bilan orthophonique, mais ça ne va pas du tout, avec votre conclusion ils ne vont pas lui accorder le tiers temps, là, vous pouvez me changer ça ?"
Et 10 balles et un mars aussi ? 


(message laissé le 09/10) "Oui, bonjour, je vous appelle pour prendre rendez-vous pour un bilan orthophonique pour un tiers-temps s'il vous plaît. Il me faudrait le compte-rendu pour le 15 octobre, pour le dossier de demande d'aménagement. Merci de me rappeler au XXXXXXX"
Mais oui bien sûr. 


- Oui, j'appelle pour un bilan de tiers temps pour ma fille qui est en 3ème parce qu'il y a un dossier à rendre en urgence, là.
- Euh, oui, avant toute chose expliquez-moi, qu'est-ce qui motive votre demande ?
- C'est parce qu'elle est dyslexique.
- D'accord, elle a déjà eu un suivi orthophonique ?
- Non, non, c'est le prof de Français qui l'a vu.
- Mais elle n'a jamais rencontré d'orthophoniste ?
- Ben non.
- Euh, c'est à dire que... Les enseignants ne peuvent pas poser de diagnostic de dyslexie comme ça, vous savez. Moi je peux vous proposer un bilan pour faire le point sur les compétences et difficultés de votre fille, et mettre en place une rééducation si besoin.

- Non mais ça, j'en ai pas besoin, je veux juste qu'elle ait son tiers temps !

("Au revoir madame !" - restons caaaaaalme... )


- Ah bon ? Ch'uis pas dyslexique ? Rho m...e j'aurais du faire plus de fautes, j'aurais eu le tiers-temps au moins...
(jeune fille de 16 ans, bac de Français à la fin de l'année, comment faire pour avoir des points : "tiens, et si je demandais un tiers-temps ?")
#pandansag comme on dit entre nous, mais on se retient...

vendredi 14 septembre 2012

Brèves de rentrée : emploi du temps lvl tétris. #RentréeJ'veuxPasYAller

"Vous ne travaillez pas le samedi ?" *

"Ah non le mardi après-midi je peux pas, c'est le jour où je fais les courses à Auchan."
"En fait ça m'arrangerait une demi-heure plus tôt !" *

"Ah oui, je sais qu'on n'a pas rendrez-vous, je passais juste pour utiliser vos toilettes !" < yeah, c'est hors sujet mais je ne m'en remets pas ! 

"Le maître il insiste, il dit que c'est très urgent les séances ! ... Ah non, le maître il ne veut pas pendant les heures d'école, parce qu'en moyenne section s'il manque une heure dans la semaine, il va avoir trop de lacunes." > cherche l'erreur... 

"Vous ne travaillez pas après 19h ?" *

"Le lundi soir, non, il a entraînement. Le mardi ? Y'a piscine. Le mercredi il a catéchisme et puis après il va chez sa grand-mère, alors c'est pas possible. Le jeudi soir il a piano. Le vendredi ? Ah ben non souvent on part en week-end alors... Ah, et puis pas pendant les heures d'école, hein !" < Le dimanche après la messe alors peut-être ?

"Alors en fait, ils ont changé l'emploi du temps et finalement il ne peut venir que le vendredi entre 9h00 et 10h30." *

"Oh ben c'est comme ça vous arrange, hein... Tant que c'est le soir après l'école ou le mercredi !" *

"Vous ne commencez pas avant 8h30 ?" *

...


la réponse : 
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En ce moment, l'emploi du temps, c'est l'horreur absolue. 
Je joue à Tétris avec les rendez-vous, et "çaaaa ne reeeeeeeeentreuh paaaaaas", je suis désespoir.
Et je suis aphone, aussi... Faut-il y voir un rapport de cause à effet ?
Je déteste septembre...

lundi 10 septembre 2012

Et moi alors ? Un sac : zou, ça faisait longtemps ! #couture #JamaisTropDeSacs

Et comme je suis flemmarde aujourd'hui, pas de texte d'introduction, pas d'explications, rien, juste des commentaires en dessous des photos (même pas mises en page ni retravaillées, les photos, ah ben BRAVO hein !) :

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Donc, voilà, après avoir fait de la couture pour Zélie et du crochet pour à peu près tout le monde, je me suis bidouillé un sac pour MOI !

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Et il y a une pieuvre dessus. Oui. J'adore. 
Violette, la pieuvre, j'insiste.

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Oui, et je vire mégalo, aussi, et je signe mes oeuvres, tralalou... 
(merci A-qui-S pour les étiquettes !)

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Et les anneaux de fixation de la sangle, c'est quoi ? Euh... Des éléments d'un jeu d'encastrement de la Cahouète... (oui, parce que j'ai fait le méga-tri dans la chambre des enfants, il était temps). Les couleurs sont tip-top, et pas de doute, c'est résistant ! Hélo s'est accroché à ces machins dans son parc suffisamment souvent pour qu'on en soit sûr.

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Le long de la bordure, un joli galon orange. Oui, ça va très bien avec les coutures violettes. 
On dirait une succession de masques de bonhommes rigolards. Non ? Bon. 

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Ce sac là, quand on l'ouvre pour chercher ses affaires, on voit ce qu'il y a dedans ! 
En fait j'ai pris inspiration d'un sac Designal qui est certes très chouette mais trop grand, et surtout trop sombre : pas moyen d'y trouver quelque chose sans tâtonner à l'aveuglette ! 

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Et maintenant que je sais coudre les fermetures éclairs (youpi !), je peux ajouter une "pochette à clés" pour les retrouver facilement, tralalou !

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Prenons une photo du sac porté ! 
... Oui, bravo Séco, tu viens de réaliser que le flash se reflète dans le miroir...

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... et que si tu mets ta main devant le flash, non seulement tu te crames les doigts, mais en plus on ne voit rien (lvl genius :/).

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Du coup, arrachons Monsieur Séco à ces activités vidéo-ludiques et demandons-lui de prendre une photo ! Mieux, non ? 
(oui, en arrière plan c'est la totale Ikéa, des meubles au coussins... Au fait il vient d'où le tissu du sac ?).


Bien, que reste-t-il à faire au rayon bidouillage ? Des bijoux-capsule-de-nespresso, une bague en crochet, un Cthulhu pour Sall (elle est patiente, mais patiente !), une bague pour une jeune mariée, un châle pour moi. Bon, ben... Y'a plus qu'à !

samedi 8 septembre 2012

C'est la rentrée ! Des trousses pour Zélie-Jolie. #Couture #RentréeJ'veuxPasYAller

A moins que tu ne vives coupé du reste du monde ça n'a pas pu t'échapper : ça y est, la rentrée, c'est fait ! Cartables au dos, cahiers bien rangés et pas encore trop cornés, crayons avec leurs capuchons, trousses... Trousses ? Oui, trousses, au pluriel car il en faut deux par élève : une pour les feutres et les crayons de couleur, l'autre pour les stylos, ciseaux, colle, etc. 
Donc, ma Zélie-Jolie de nièce m'a demandé non pas une mais deux trousses pour cette année. 
Elle a choisi les tissus dans la réserve de Dada, et on a acheté des fermetures éclair au marché de Wazemmes en juillet, et ma mission des vacances, c'était de transformer tout ça en trousses.
Bon, déjà, j'ai perdu les tissus et les fermetures éclair. 
Du coup, j'ai puisé dans mes réserves de tissus (et heureusement il y avait les même ou presque !) et je suis retournée chez mon dealer préféré pour trouver des fermetures éclair de la bonne taille, et, oh ! Des galons ! Allez, zou, je prends...
Deuxième étape : trouver un tuto pour faire une trousse. Oui, parce que bon, une fermeture éclair, je n'en ai jamais posée... De blogs en sites, je me rends à l'évidence : je ne sais pas si c'est mon esprit de contradiction primaire ou un défaut de compréhension des figures dans l'espace, mais les tutoriels que je trouve sur le net, ben j'y comprends rien ! 
Finalement, je décide de faire sans, et à ma sauce, c'est à dire à la bourrin, avec le pied de machine à coudre standard et en forçant un peu pour que ça passe... Et ça passe !
Et... TA DAAAAAAAAAAAAH :
gertrude, couture, bidouillage, trousse
gertrude, couture, bidouillage, trousse
gertrude, couture, bidouillage, trousse
gertrude, couture, bidouillage, trousse
gertrude, couture, bidouillage, trousse
Et du coup, maintenant, qui est-ce qui veut une belle trousse home-made ? Mon loulou ! 
Et oui, lui aussi a fait sa rentrée, en classe de GS/CP, et il lui faut... Deux trousses à lui aussi. 
Bon, ben... C'est reparti !

dimanche 2 septembre 2012

Customisation de la rentrée, et résistance aux envies d’infanticide.

Attention ça ne rigole plus. 
La Princesse Cahouète, aka Miss 1000 volts Vavavoum, va terroriser l'école faire sa rentrée mardi prochain. Ouep. Fini la crèche, Héloïse va à en maternelle maintenant. Youplaboum. Donc : préparatifs de rentrée ce week-end (entre l'étiquetage de TOUTES les affaires de Mister Bibou, oui, même les crayons de couleurs, un à un, argh...), et customisation du sac à dos - rose :/ - avec des fleurs au crochet :

6 petites fleurs crochetées dans des restes de laines, un petit pompon
pour la fermeture avec un ruban "A-qui-S" avec le nom de la demoiselle.

Réaction de la principale intéressée (qui, je le rappelle, a CHOISI les fleurs quand je lui ai demandé son avis) : "Bouhouhou z'aime pôôôôôô ! Ze veux des boutons comme Verzile moiiiiii ! Ouiiiiiiin !". 
- Oui, la prunelle de mes yeux maîtrise bien la parole et le langage, mais pour l'articulation peut mieux faire... Et elle en rajoute en plus la peste, parce qu'elle sait très bien que ça m'énerve. Bref. -

Lassitude, énervement, lever de yeux au ciel (je deviens championne, entraînement régulier, attends voir que ça entre aux JO c't'histoire...), discussion, re-énervement, non je ne vais pas découdre toutes les fleurs, cris, claquage de porte (euh, dites, à 3 ans c'est pas un peu tôt ?)... 
Bon. 
Inspiration, expiration. 

je repense à cette discussion que j'ai eu hier avec une amie elle aussi génitrice d'un merveilleux monstroplante de 3 ans et des patates : Les enfants de 3 ans sont ch...armants. Je pense que l'âge de scolarisation en maternelle a été pensé pour éviter les infanticides. 

Vivement mardi, finalement.