mercredi 29 mai 2013

[#ChangerDeVi(ll)e] Chez Tauban, je bidouille (un peu) et je marathone de l'immobilier (beaucoup).

Alors voilà, quelques nouvelles de notre opération "Changer de vi(ll)e" : pour résumer, il faut qu'on joue au loto. Vraiment. 
Parce que quand même, autant de chance, c'est pas possible.
S'il nous manquait un signe pour nous assurer que cette aventure est une TRÈS bonne idée, c'est bon, là, on a la dose ! 
Changer de vi(ll)e, bidouillage, bijoux
"Allo maman ? Ça y est, t'es chez Tauban ? T'as trouvé une maison ?"
"Euh... On vient d'arriver là, Bibou !" 
En condensé ça donne ça : 
- vente express de la maison à Beauvais, alors que tous les indicateurs sont dans le rouge à en croire les agences immobilières et les banques : notre maison mignonne a trouvé une acheteuse qui a eu le coup de foudre, youpi !
- 15 jours pile poil après avoir signé chez le notaire à Beauvais, nous avons à nouveau signé un autre compromis de vente, mais cette fois-ci à Montauban : en 3 jours (!) nous avons trouvé notre bonheur. 
- j'ai signé ma promesse d'embauche (et les collègues sont super sympas) et trouvé un local pour mon futur cabinet (13m², ça va me changer ! ^^).
- j'ai une remplaçante pour mon cabinet à Beauvais. Attends, attends, je le redis juste pour savourer : J'AI UNE REMPLAÇANTE !!! Youpi et triple yessss ! 
Donc voilà, la vie est belle et c'est tant mieux. 
Je passe les détails tout aussi chouettes : l'inscription des enfants à l'école (check), les dates de déménagement qui s'organisent nickel (check), ma remplaçante -omagad comme je kiffe écrire ces mots !- qui me rachète les meubles et le matériel, c'est ça de moins à déménager (check), les plantations dans le jardin (check) : je pense que l'on peut décemment entonner un hymne à la joie. 
Bref, nous avons passé 5 jours et demi dans le sud, pour trouver notre futur home-sweet-home, je t'épargne le compte-rendu détaillé, si tu veux lire l'intégrale, tu peux cliquer ici : 
Ah, et pendant notre séjour, nous avons squatté chez des zamis.
Et ça, c'est chouette, parce que les zamis, quand tu te sens un peu perdue avec ta mini-révolution intérieure et tes tempêtes dans un verre d'eau, c'est quand même pas mal pour te sentir plus forte. c'est même à ça qu'on les reconnais.
Alors j'ai profité d'un petit moment de calme pour bidouiller des bijoux à Adèle et Ritva (j'en aurais bien fait pour Philippe aussi, mais il n'a pas les oreilles percées). Car figure-toi qu'à Montauban, il y a un chouette magasin qui vend tout plein de matériel pour bidouiller (oui, j'ai pris ma carte de fidélité !). Craquage libérateur, et quelques heures à bidouiller peinarde, ouf, ça fait du bien...
Voilà : 

Changer de vi(ll)e, bidouillage, bijoux
Un pendentif pour Adèle
Changer de vi(ll)e, bidouillage, bijoux
Un autre pour Ritva
Changer de vi(ll)e, bidouillage, bijoux
Et les boucles d'oreilles assorties.
Sur ce, je retourne à mes CRBOs, mes bidouillages en cours (4 seulement, ça va !) et mes entraînements pour les Foulées de la rue !
...
Ah, oui, et jouer au loto, aussi ! ;) 

vendredi 24 mai 2013

"Foulées de la rue 2013" : ayé, je suis inscrite !

Pour aller au bout d'une course, voici comment faire :
1 - Commencer à courir,
2 - ... Il n'y a pas de n°2.
(conseils de Barney Stinson dans HIMYM, on a les références qu'on peut)


 
Donc, voilà.
Je vais mettre ceci en application samedi 1er juin.
Même pas peur...
Enfin, si, quand même.
Parce que bon, on ne peut pas dire que je sois une coureuse dans l'âme. Courir partout et dans tous les sens, jongler avec l'emploi du temps, oui, ça, je le fais tous les jours. Mais courir pour courir sans s’essouffler ni crampe au pied, c'est autre chose...
J'ai repris l'entraînement il y a 3 mois (ouille), et jusqu'à présent mon record c'est ça : 
 


Alors une autre référence qui s'applique parfaitement à la situation :
"Et [la] voici sur la ligne de départ pour le 10000m, [elle] va tenter aujourd'hui de battre son record personnel qui est de... 7500m" (les inconnus)

MAIS ! J'ai une arme secrète pour tenir !
C'est mon orgueil.
Cela fait 3 mois que j'annonce à tout le monde autour de moi que je vais courir cette course. Résultat : impossible de ne pas m'inscrire sans perdre la face. Mes copains comprendraient, c'est pas le problème. C'est moi qui ne le supporterais pas.
Et quand la course commencera ? Et bien, il n'y aura plus qu'à courir. "Emportée par la foule..." ça va aider. Je ne serai pas toute seule, déjà. Et j'ai bien vu qu'en courant avec Marie et Sébastien, c'était plus facile qu'avec mes seuls écouteurs. Et y'aura des potes pour m'encourager. Abandonner ? No way ! Une fois lancée, plus le choix : faudra bien continuer. Sinon, rouge au front et égo dans les chaussettes, je n'aurais plus qu'à quitter la ville, submergée de honte ! 
 

... Wait, what ?

Ah oui, c'est ce qui va se passer de toute façon.
C'est même pour ça que je veux absolument courir les foulées : 14 ans dans cette ville, avant de partir je veux la faire, cette course !
Bon, ben "yapluka" ! Ondes positives et encouragements bienvenus, et je vous tiens au courant ! ;)

jeudi 23 mai 2013

Le choeur des femmes... dans ma salle d'attente. #MartinWinckler #orthophonie


J'ai lu ce livre quelques temps après sa sortie, et peu de temps après la naissance de la princesse Cahouète. Autant dire que je m'étais posé pas mal de questions, et que j'ai remis en question pas mal de choses... Si tu ne l'as pas lu, fais-le : c'est salutaire, en plus d'être merveilleusement bien écrit. Comme tous les livres de Martin Winckler, d'ailleurs.
Pourquoi ça me revient en tête, là, maintenant ? Parce qu'il y a encore du boulot.
Les femmes, leur corps, leur intimité : c'est pas gagné. Et ce qu'on pense d'elles, aussi. Le respect de la personne autour de l'utérus, tiens, pour commencer...
Je ne suis ni gynécologue, ni médecin, mais des femmes, j'en vois défiler dans mon cabinet. Des jeunes femmes en délicatesse avec leur voix, des mères inquiètes pour leurs enfants "dys", des compagnes qui se battent aux côtés de leurs maris cérébrolésés, des grand-mères qui perdent peu à peu les pédales... Des femmes de tous âges, de toutes conditions. Qui me racontent leurs petites et leurs grandes histoires, des parcelles de vie, des bribes de chemin... Tout un puzzle hétéroclite qui fait qu'elles sont ce qu'elles sont, et qu'elles me renvoient à mes interrogations, mes prises de positions, mes valeurs.
Bref.
Deux petites histoires, là, comme ça, dont une confiée il n'y a pas une heure par une maman effondrée...

Elle s'appelle Cindy*, elle a 31 ans, un compagnon au chômage et 4 enfants de 6 à 11 ans. Et une vilaine étiquette qui lui colle à la peau : celle d'une "cassos'", qui vit avec toute sa famille dans un 3 pièces en HLM, qui fait de son mieux avec le peu qu'elle a, et avec le regard des autres jamais toujours très valorisant, c'est le moins qu'on puisse dire...
Et Cindy est enceinte. Et elle me l'annonce comme gênée, honteuse... Moi, je la félicite : n'est-ce pas ce qui se fait, quand on vous annonce la venue au monde d'un bébé ? Et là, elle fond en larmes. Parce que je suis "la première à ne pas l'engueuler". Parce que depuis qu'elle se sait enceinte, tout le monde ou presque y va de sa petite remarque acerbe : encore ? Mais est-ce bien raisonnable ? C'est déjà dur avec 4, alors comment vont-ils faire avec 5 ? Quand ça n'est pas carrément la leçon de morale, de la part de la directrice de l'école et même de son médecin traitant... Non mais de quoi je me mêle ?!
Cindy a eu un accident de stérilet. Tu sais, ce petit pourcentage de rien du tout qui fait que même avec un stérilet, tu peux avoir un gamin ? Ben voilà, paf, c'est tombé sur Cindy. Pas de bol. Et évidemment, comme elle est taillée sur le gabarit "crevette de compet", personne n'a rien vu avant le 3ème mois révolu. Mais ce sera une petite fille, alors ça ira, parce qu'elle pourra aller dans la chambre avec sa grande sœur, tandis que les 3 garçons se partagerons l'autre chambre, et les parents le canapé du salon.
Mais ça ne s'arrête pas là, le calvaire des regards inquisiteurs et moralisateurs.
En Équipe de Suivi de Scolarité pour un des frères que je vois en rééducation justement, Cindy et son homme sont venus, inquiets, pour comprendre et aider au mieux leur fiston qui a bien du mal à suivre. Et pour cause : il a une dyslexie de surface, une vraie, mais que personne n'a vue, parce que tout le monde a mis les difficultés sur le compte de "l'environnement socio-culturel défavorable". Et c'est seulement l'année dernière que ce gamin là s'est retrouvé dans mon bureau, en CM1... C'est formidable, les étiquettes, quand tu en as quelques unes, on t'en rajoute d'autres d'office, mais on te refuse celles qui te seraient utiles. Bref, passons, c'est un autre débat.
Donc Cindy est là, mais un peu absente. Elle est pâle, laisse son homme parler, répond aux questions par monosyllabes. Dès la réunion terminée, elle repart vite chez elle. Et voilà le médecin scolaire et les enseignants qui poursuivent la discussion : "Ben oui, mais bon, la mère, elle peut pas vraiment s'en occuper, hein. T'as vu comme elle est pas en état ?". Mais dis-moi, monsieur, est-ce que tu sais que Cindy est enceinte de 6 mois, que ça se voit à peine parce qu'elle le cache, mais qu'elle a le col ouvert, qu'elle ne devrait pas être là mais allongée sur son canapé-lit, et que si elle est venue, c'est parce qu'elle veut faire au mieux pour ses enfants, qu'elle veut être présente pour eux, se battre pour eux ? Voilà ce que j'aurais aimé leur dire. Mais pas le droit. C'est un secret. C'est encore une honte, pour Cindy. Et ça, ça me tue.



Elle s'appelle Rita*, elle a 35 ans, un mari aimant qui bosse comme un tordu et 3 enfants : 3 p'tits gars adorables, le plus âgé a 15 ans, le plus jeune 4. Moi, je prends en charge le second, un grand gaillard de 12 ans qui est en CLIS et qui peine à apprendre à lire et à écrire. Et puis aujourd'hui, Grand Gaillard écrit le mot "bébé" et me lance un regard malicieux : "tu sais pourquoi j'ai choisi ce mot là ? Parce que maman elle en a un dans le ventre ! Elle va accoucher en août !". Ah bon ? Mais je ne savais pas ! "Elle non plus" me répond-il en rigolant.
Non, pas d'histoire de déni de grossesse, en tout cas pas de sa part... C'est les différents médecins qu'elle a consultés qui n'y croyaient pas, à ce bébé surprise ! Ben oui, Rita a un stérilet et attendait de se faire ligaturer les trompes en septembre prochain... Alors quand elle a eu mal à la poitrine, elle est allée voir son médecin, qui lui a dit que c'était un problème de tension. Paf, médicaments. Le mois suivant, elle vomissait, alors elle est retournée voir son médecin, qui lui a dit que c'était à cause des médicaments. Paf, changement de traitement, re-médicaments. Et puis après, elle a eu mal au dos, et puis elle prenait du poids, alors elle en a reparlé à son médecin, en insistant : vraiment, elle avait l'impression d'être enceinte, hein. Mais non, enfin, avec un stérilet, c'est pas possible... Ben tiens. Le médecin a parlé d'obésité et de problèmes rénaux, et l'a envoyée faire une échographie des reins. OK, il y a bien 2 reins, et une foetus de 23 semaines. Et oui, elle a toujours un stérilet. Et des médicaments pas du tout adaptés à la grossesse dans le sang. Normal, quoi, tout va bien.
"Personne n'a voulu m'écouter, mais je le savais bien, moi, que j'étais enceinte !" me répète Rita.
Rita à qui on avant dit, quand elle avait 16 ans, qu'elle ne pourrait jamais avoir d'enfants à cause d'une dystrophie ovarienne. Sauf que là, c'est sa 7ème grossesse. Rita a déjà "perdu" 3 enfants à 1, à 4 et à 9 mois de grossesse. Oui, moi aussi j'ai frémi.
Et tu sais pas le pire ? La sœur de Rita, elle, ça fait 13 ans qu'elle essaye d'avoir un enfant, en passant par les stimulations ovariennes, les FIV et tout le bazar. Déjà quand Rita lui avait annoncé qu'elle voulait se faire ligaturer les trompes, ça avait été tendu entre les deux frangines. "Alors vous imaginez quand je lui ai dit que je suis enceinte...". Oui, j'imagine. Et je tends la boîte de mouchoirs.

Voilà, voilà.
A part ça, tout va bien.
Je ne sais pas toi, mais moi ce soir j'ai très envie de m'effondrer dans le canapé avec une grosse boîte de chocolats.
*oui, évidemment, les prénoms ont été modifiés.
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Et pour aller plus loin :
Le site personnel de Martin Winckler.
Martin Winckler présente Le Choeur des Femmes dans une vidéo de Sylvain Bourmeau pour Médiapart.
Pour lire le début de Le Choeur des femmes, cliquez ICI

vendredi 17 mai 2013

[bijoux/bidouille] on revient toujours à ses premières amours.

Dans mes placards et mon bazar, il y a de la résine, des perles et des apprêts, du plastique à cuire, des papiers de toutes sortes, du tissu, de la laine, des rubans, des crochets et des aiguilles à tricoter, des aiguilles, des pinces, un marteau et une enclume, de la pâte Fimo, de la peinture, des pinceaux, des plumes, des encres de toutes les couleurs, des poinçons, de l'aquarelle... Et du fil de fer.
Et je reviens toujours à mes premières amours... Quand l'envie me prend de bidouiller un bijou en vitesse, je ne trouve rien de mieux que le fil de fer. Je ressors mes pinces et mon fil inox et zou.
En quelques minutes, j'ai un bijou.
Oui parce que bon, ça n'est pas pour me vanter (enfin, si, un peu quand même...) mais le fil de fer, je maîtrise, et j'adore ça. Oui, il y a un rapport de cause à effet indéniable, et vise-versa en plus. C'est quand même bien fait.
Bref, tout ça pour dire que :
Ce week-end, je me suis bidouillé des boucles d'oreilles en fil inox.
Et mardi, pour l'anniversaire de Daphné, j'ai monté en bracelet des fleurs en crochet.

photo 1.JPG
Voilà le résultat, les deux bidouillages qui pendouillent sur mon bel arbre en métal.

photo 2.JPG
Gros plan sur le bracelet de Daphné.

Pour le bracelet, j'ai triché : j'avais déjà crocheté les fleurs il y a un petit moment. J'ai un chouette livre avec des tas de modèles de fleurs à réaliser au crochet, et avec du fil tout fin, c'est suffisamment petit pour faire un bijou. Un petit morceau de chaîne, un fermoir, des anneaux coupés et hop : voilà un bracelet.
photo 3.JPG
Et les boucles d'oreille en fil inox tout tordouillé.

Des boucles d'oreille en fil inox et rien qu'en fil inox : je n'avais pas de perles sous la main et pas envie de couleur. L'argenté, ça va avec tout, non ? ;)
Mais bon, j'ai déjà des commandes, et j'ai bien compris que Mantoune et Isa préfèrent avec des perles, je vais donc refaire les "mêmes en pas pareil", un concept que je maîtrise fort bien.
Sur ce, la couture m'appelle. Et l'envie d'une nouvelle note pour mes zamis les zorthos, aussi. Et l'avancée des projets "nouvelle vi(ll)e". Et ma couette.
Hm... Surtout ma couette en fait !
Bonne nuit ! Tentons la nuit de plus de 6h, en voilà un concept intéressant, n'est-il pas ?

dimanche 5 mai 2013

[crochet] pochette pour portable, encore, mais pas que ! #facebook inside

Omagad, pardonnez-moi mon google car j'ai noobé... 
Début janvier j'ai participé à une chaîne sur facebook. Oui. Je sais. C'est moche.
MAIS ! C'est une chaîne pour faire des cadeaux, alors ça va, non ?
Si. Je décrète que ça va. Voilà.  

pochette, crochet, cadeau, facebook

Note que je ne demande pas aux zotres de transférer le message, alors en gros, je romps la chaîne mais en faisant des cadeaux quand même. Donc je m’absous toute seule comme une grande, et on n'en parle plus. 
Note également qu'il y a eu 31 messages à ce post, et qu'au final, ce ne sont pas 5 cadeaux que j'offrirai mais 6. Parce qu'un des 5 preum's a voulu laissé sa place au 6ème, mais oh, eh, je choisis si j'veux, donc ce sera 6. Voilà. Dans l'ordre que je veux. Quand je veux. Et ce que je veux. C'est la règle du jeu ! 
1er acte : hop, c'est pour Anne-So, qui, comme son premier prénom l'indique, est... Orthophoniste. Normal. Je lui avais promis il y a déjà loooooongtemps une pochette pour son portable (elle l'avait demandée ici, enfin en répondant sur facebook, déjà !), et avec moi, faut pas être pressée, hein... Mais ayé, c'est fait, et pour accompagner la pochette, un cœur en crochet assorti, version porte-clé : 

pochette, crochet, cadeau, facebook
#1 - dans l'ordre : une pelote, un crochet, un gabarit de téléphone portable et la pochette.
#2 - la pochette au crochet, donc, avec son petit bouton trompe l’œil car...
#3 - ... en vrai ça ferme avec un scratch (va t'amuser à déboutonner une pochette quand ton portable sonne, c'est un coup à louper tous tes appels).
#4 - et le petit cœur assorti, monté en porte-clé, tralalou. 

Le petit cadal est donc parti la semaine dernière, j'espère qu'il est arrivé à bon port et que je ne gâche pas la surprise d'Anne-So en postant ici, surtout qu'elle est au taquet, la bougresse, et qu'elle suit les notes ici de près, si j'en crois ses commentaires... Et au fait, Anne-So : bisous !!!

PS ) désolée pour le fond des photos : la nappe rouge à pois blancs, c'est pas ce qui met le plus en valeur la jolie laine multicolore...
PPS ) c'est moi ou hautetfort rame à mort en ce moment ?  
PPPS du 19/01/2014 ) si seulement hautetfort s'était contenté de ramer... Et un copié/collé de plus, un ! 

vendredi 3 mai 2013

Bibou aux urgences : bienvenue au moyen-âge.

Oui, cette note est encore dans la catégorie "Bibou premier, roi des bébés", pourtant Bibou n'est plus un bébé depuis belle lurette. Bibou est même un super grand petit garçon (oui, c'est un concept), qui a l'âge de se coincer le doigt dans la porte et de parcourir les services des urgences option voyage dans le temps et retour au moyen-âge.
Mais que je t'explique...

Dimanche dernier, nous étions chez ma mère-grand en famille, et un peu avant l'heure de l'apéro du midi (on a les repères qu'on peut) je retrouve Bibou en larmes dans la salle de bains, la main droite sous l'eau fraîche du robinet. Joli réflexe, Bibou, mais pourquoi ne pas être venu me voir ? Tout simplement parce que Bibou a fait une bêtise : il sait très bien qu'il n'avait pas le droit d'aller dans le garage, alors quand il s'est coincé le doigt dans la porte après le "ouiouiouilleuh", il s'est dit "oups j'vais me faire gronder", donc il a essayé de gérer ça tout seul. Oui, faites le 119, cet enfant souffre et il est terrorisé par ses parents. C'est moche. Ma première réaction à moi, ça a été de me dire que s'il avait cogité tout ça dans sa p'tite tête, c'est qu'il ne devait pas avoir trop mal... Et puis après m'avoir montré la petite trace rouge sur la pulpe de son annulaire, il a retourné sa main, et j'ai vu son ongle. Noir. Avec la peau violette et boursoufflée autour. OK, OK, pas de panique. Bibou, tu peux bouger le doigt ? Oui ? Non ? ... Non.
OK, OK, maintenant je panique.
Pas le temps de se poser trop de questions : direction les urgences de Boulogne-sur-Mer.




Et là, comment dire ? Non, pas de pratiques moyenâgeuses, au contraire j'ai l'impression d'être dans un épisode d'Urgences : tout est propre, calme, une infirmière nous prend en charge assez vite, on patiente dans une salle d'attente claire et tranquille, avec 2 autres personnes. Un gentil interne en baskets vient nous chercher au bout de 10 minutes, il ausculte Bibou, me rassure : pas de fracture, et nous explique qu'il fait faire un petit trou dans l'ongle pour que le sang coincé en dessous puisse sortir.
Une infirmière vient l'aider : elle installe un tissu absorbant sous sa main et prépare des compresses tandis que l'interne sort une sorte de petit stylo chauffant pour percer l'ongle. 5 minutes plus tard, c'est fini : le plus douloureux pour Bibou a été de voir l'interne presser doucement son doigt pour faire sortir le sang, ça n'a pas duré longtemps. L'infirmière lui donne un calmant, et zou, nous repartons. Je me sens un peu bête d'être venue aux urgences pour si peu, mais le médecin me rassure : impossible de savoir avant auscultation si c'était grave ou pas, et sans une intervention rapide la poche de sang aurait gonflé et aurait fait tomber l'ongle, il aurait de toute façon fallu intervenir plus tard dans ce cas et ça aurait été plus grave. Ouf.
En passant près de l'héliport, nous voyons un hélicoptère atterrir, très impressionnant, ça en rajoute au côté "tatatataaaaaaaaaaaa Urgeeeeeences tatataaaaaaa" même si ça n'est pas drôle du tout pour le blessé à l'intérieur...
Bibou n'a pas le temps de réaliser : les calmants font effet, il écrase dans son siège auto...

Fin de l'aventure ? Hélas non.
Et c'est là que ça se corse...
Mardi soir, le doigt est bien gonflé. Mercredi, pas mieux. Jeudi matin (hier, donc, tu suis ?) je passe des coups de fil pour lui trouver un rendez-vous chez le médecin : pas de place avant samedi ! Et, pas de bol, dans la journée du sang perle sous son ongle. Et Bibou a mal. De retour à la maison, il faut se rendre à l'évidence : un passage aux urgences s'impose... J'emmène barres de céréales, bouteille d'eau, jeux et carnet de santé et on y va. Il est 18h45. Sur la route de l'hôpital, je passe devant 2 cabinet de médecins (le généraliste et le pédiatre) et je tente ma chance : pas moyen. Bon, ben... OK, on y va alors...


Nous arrivons aux urgences pédiatriques à 19h00. Là-bas, on nous dit que "c'est chirurgical", donc il faut aller aux urgences "normales". Nous y allons. On nous y dit que non, y'a à priori pas de fracture, donc il faut retourner en pédiatrie. On y retourne. On nous y redit que ça ne concerne pas les urgences pédiatriques qui ne peuvent pas prendre en charge toutes les pathologies : OK, OK, on retourne aux urgences adultes, tout cela toujours à pieds et avec un Bibou qui pleure et qui flippe, tout va bien. Je suis à nouveau à l'accueil des urgences, je n'en bougerai plus, qu'on se le dise. L'infirmière m'enregistre enfin : super, il est presque 19h30, avec tout ça on revient à la case départ, youpi... Les urgences sont bondées, la salle d'attente est glauque avec une télé qui diffuse Direct 8 sans le son (remarque que je préfère sans le son vu le programme...), il y a des fauteuils et des brancards un peu partout jusque dans le couloir d'accueil et des gens qui s'impatientent et qui râlent parce qu'ils attendent depuis trop longtemps. Ambiance...
Je passe sur le temps d'attente, long, bruyant, inconfortable, on vient nous chercher pour faire une radio. Hein ? Mais y'a pas de fracture ! "Ah mais ça on peut pas savoir Madame." Ben si, on peut : il bouge son doigt sans problème, et n'a pas mal sauf quand on touche à la boursouflure autour de son ongle, et il a déjà été vu par un médecin il y a 4 jours qui a conclu à l'absence de fracture, mais tant pis, hein, c'est pas grave, on va faire une radio quand même, c'est pas comme si ça allait faire perdre du temps et de l'argent à tout le monde... Bref. Salle d'attente en radiologie, toujours une télé mais qui diffuse les infos et avec le son (Vite, une diversion, y'a des images pas adaptées du tout au Bibou, là, et il commence à flipper sévère, mais on n'est plus à ça près !), on fait les radios, ah, tiens, il n'y a pas de fracture, étonnant ! Et on retourne en salle d'attente des urgences. Joie.
Assise en face de nous, toute une famille attend depuis 2 heures : le papa s'est ouvert la main, la maman est allée acheter de quoi manger au Mac-Do, et comme il y en a trop elle en donne un peu à Bibou. Merci Madame, les barres de céréales ne suffisaient plus. Bibou joue un peu avec les deux garçons, ça discute Minecraft et j'entends mon Bibou qui n'en est décidément plus un expliquer que "les zombies moi j'les tue mais un truc de ouf !", j'en avale mon Granny de travers...


Ah, on nous appelle ! Une infirmière nous accompagne dans un box. Ah non, il est occupé. Un autre ? Il faut d'abord qu'elle le débarrasse. On attend dans le couloir, entre un papi qui tremble et pleure dans un fauteuil et une dame qui geint dans son brancard. Super. Je sens Bibou se décomposer. Ouf, on entre dans le box, Bibou s'allonge sur le brancard, et nous attendons. L'infirmière débordée fait des aller-retours entre "notre" box et le couloir, elle sort aiguilles, compresses, médicaments, bandes souillées qu'elle laisse sur la table à côté de nous, pas le temps de ranger... Super. 
On attend. 
On attend. 
On attend.
Un interne arrive, débordé. Ils ne sont que deux médecins pour les urgences, et ça s'entasse dans le couloir. Il regarde le doigt de Bibou, m'annonce qu'il va falloir à nouveau percer l'ongle pour faire sortir le sang, et puis ce sera fini. Très bien. Il va revenir quand l'infirmière sera disponible pour le faire avec elle. En attendant, il remplit le dossier de Bibou sur l'ordinateur. Il repart, laisse la cession ouverte : devant moi s'affichent les noms de tous les patients en attente de soins aux urgences. Confidentialité : impec' ! A côté des noms, le temps écoulé depuis l'enregistrement à leur arrivée : 2h55 pour nous. Je lis : 9h25, 10h40, et... 16h50 (!!!) pour d'autres patients. Terrible.
Bibou s'est endormi, vaincu par KO par les émotions et le temps qui passe.
Il dort, et moi j'attends. Pas moyen d'envoyer un message à son père pour lui dire où on en est. Dans le couloir, une vieille dame appelle sans cesse une infirmière, un docteur, pour qu'on prévienne ses enfants. Trois fois déjà qu'on vient lui dire qu'ils ne peuvent pas encore lui rendre visite, trois fois qu'elle n'écoute pas et qu'elle continue à ressasser la même demande. Je sens la fatigue et le découragement me gagner. Une petite demi-heure plus tard, l'interne revient, enfin, avec l'infirmière qui ne peut pas rester : elle est attendue ailleurs. Le médecin va se débrouiller tout seul, avec moi.
Et là, je frémis... Pour percer l'ongle de Bibou, l'interne sort un trombone déplié chauffé à la flamme d'un briquet. Je ne plaisante pas. C'est VRAIMENT un trombone déplié qu'il passe et repasse à la flamme d'un briquet de poche. Je n'en reviens pas. L'interne non plus, qui me dit que "c'est le moyen-âge ici". Je lui demande si Bibou va avoir une feuille de coca à mâcher pour calmer la douleur. Il rit. Jaune. Il me dit qu'il est le premier désolé de la situation. Moi, je crois que le plus désolé dans l'histoire, c'est Bibou. Il s'est réveillé et il tremble. L'interne s'approche de lui, j'attrape en vitesse deux feuilles d'essuie-mains pour les glisser sous sa main : pas de protection, pas de compresse, débrouille-toi toute seule, tiens...
Et là, autant jusqu'à présent je plaignais les soignants de devoir bosser dans des conditions pareilles, autant quand l'interne a enfoncé le trombone chauffé dans l'ongle de Bibou, je l'aurais étripé. Il y avait déjà un petit trou, percé 4 jours avant. Il a enfoncé le trombone si loin que Bibou s'est raidi dans mes bras, a hurlé, et quand le sang s'est mis à couler il ne pouvait rien crier d'autre que "j'ai mal, ça brûle sous mon ongle, j'ai mal !"
A l'écrire, j'ai à nouveau mon ventre qui se serre et les larmes aux yeux. Mais l'interne est déjà reparti. L'infirmière passera faire un pansement et nous pourrons rentrer. En attendant, Bibou pleure et tremble, les gouttes de sueur perlent sur son front et je ne peux rien faire pour l'apaiser. Le sang coule. Tant pis si je n'ai pas le droit, je m'en moque, quand l'infirmière est passée prendre du matériel j'ai eu le temps de voir où tout était rangé : j'ouvre les tiroirs, je fouille, j'attrape des compresses et j'éponge. Je n'en reviens pas que les seringues, les médicaments, les crèmes soient à ma disposition, comme ça. Mais là tout de suite, ça m'arrange, parce que ça dégénère méchamment dans le couloir : la vieille dame crie de plus en plus fort et en boucle qu'elle va crever ici, qu'elle veut qu'on appelle ses enfants, une dame visiblement sous l'emprise de je ne sais quelle drogue fait ses besoins au milieu du couloir et frappe les infirmiers qui essayent de la contenir, Bibou veut se boucher les oreilles pour ne plus entendre tout cela mais il a trop mal au doigt pour le faire, il pleure, il a peur, il a mal, il veut rentrer. Je suis à deux doigts de craquer et à le voir si mal j'ai les larmes qui me montent aux yeux. Alors je m'active : je nettoie son doigt, je le berce, lui raconte une histoire dans le creux de l'oreille pour couvrir les bruits du couloir. Ça dure un temps interminable. Je vois l'infirmière qui galope dans le couloir, elle n'est pas là de nous faire le pansement. C'est long.
Encore trois quart d'heure et enfin elle souffle, l'infirmière. Moi aussi du coup. Elle vient faire un bandage à Bibou, qui a peur : est-ce que son ongle va tomber ? Est-ce qu'elle va lui faire mal ? Avec des gestes aussi rapides qu'efficaces, elle le panse et le rassure : on va changer le pansement tous les jours et le gros bobo va partir. Moi, je vois juste que le sang coagule déjà et que le doigt n'a pas entièrement dégonflé, et j'ai peur de me retrouver face au même problème dans 2 jours... Elle me rassure également : l'hématome va rester, et la couleur grise de l'ongle aussi, mais pour le reste, tout va bien.
On va pouvoir rentrer à la maison.
Il est bientôt minuit.

Nous retraversons la salle d'attente des urgences, les copains de Minecraft sont toujours là, leur papa ne sera sans doute pas pris en charge avant 4h du matin si j'en crois ce que j'ai lu sur l'ordinateur. Je n'ai pas le cœur de le leur dire, je leur souhaite bon courage, laisse mes stylos aux enfants pour qu'ils puissent dessiner un peu en attendant.


Bibou marche au radar, nous rentrons à la maison.
A minuit passé, je peux enfin lui donner une dose de Doliprane.
Il s'effondre dans son lit.
Demain va être une dure journée.