mercredi 28 septembre 2016

Des boucles d'oreille en origami modulaire : tutoriel / pas-à-pas en 30 photos.

- Bonjour, je m'appelle Sécotine et ça fait 2 jours que je tiens bon. 
- *en chœur* Bonjour Sécotine ! 
- Alors voilà, je... C'est dur. J'essaye de ne pas y penser, mais il y a toujours quelque chose qui m'y ramène. Ce matin, j'étais sous la douche et c'était plus fort que moi, j'avais tellement mais tellement envie de lire ce qui était écrit sur l'étiquette de mon gel douche ! Je me suis passé le jet d'eau dans la figure pour ne plus y penser, mais j'ai eu peur. C'est tellement difficile de contrôler cette addiction. Mais je vais y arriver. J'y crois. Il le faut. Quand je sens que je vais craquer, je me remémore ces nuits blanches passées à lire et mon état d'hébétude le lendemain matin, et je me dis que ça vaut le coup, que je peux y arriver.
- Merci pour ce témoignage Sécotine.
*applaudissements*- Maintenant pour clore ce cercle de parole, nous allons reprendre ensemble le mantra des libérés des livres... 

AAAAAAAAHHH !
Wohpunaise le cauchemar quoi...
Libérés des livres ? Mais, mais... Mais enfin non ! Ce sont les livres qui libèrent ! Non ?
Quoi ? Moi ? Accroc aux livres et aux mots ? Pfff... Nan mais même pas vrai d'abord ! Je ne fais pas que lire, hein ! Je fais des bidouillages aussi ! Des pochettes à livres, des couvertures pour roman en tissu, des... Euh... Ah non mais je fais des bijoux aussi ! Et de l'origami ! Ah ah ! Tu vois ?
...
Mmmmoui, en effet, je fais des bijoux en mots. De l'origami modulaire avec les pages d'un livre, oui, bon. Non mais ça va, hein, je gère !!!
Mais quoi ? Elles ne sont pas belles ces boucles d'oreille, franchement ? Hein ? Oh ben tu peux en faire dans d'autres papiers si ça te chante, hein !
Allez, je t'explique comment faire, tu vas voir c'est même pas dur ! 

lundi 12 septembre 2016

Je te dirai les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux.


avec les yeux, 
avec les mains, 
avec le cœur, 
et ce qu'on peut.


Depuis le temps que je tiens ce blog et que j'y raconte mes péripéties d'orthophoniste, je n'ai pas encore vraiment écrit sur l'autisme. Pourtant c'est une part importante de mon travail : je travaille au CRA, a.k.a. le "Centre Ressources Autisme" de ma région, où je fais partie de l'équipe diagnostic, et en CAMSP (Centre d'Action Médico-Social Précoce), en première ligne pour la prise en charge des enfants autistes. 
Mais écrire sur l'autisme, c'est pas facile... 
Si c'est si compliqué, c'est parce que j'ai le sentiment que le suivi d'un enfant autiste, c'est beaucoup de peines, de frustrations, de prises de tête et de déceptions pour quelques très rares moments de lumière. Et parce que, par définition, un enfant autiste a de très grosses difficultés pour parler, mais aussi pour s'exprimer en général, que ce soit par les mots, les gestes, le regard... Alors l'échange, c'est difficile. La progression, aussi. Et le moral est souvent bas, pour leurs proches et leurs soignants. Et c'est d'autant plus douloureux que, retranché dans sa bulle, l'enfant autiste est souvent plein de souffrance et d'angoisse qu'il ne peut exprimer autrement que par des cris, des colères, des gestes violents, ces fameuses crises qui sont, pour le quidam qui y assiste dans la rue, autant de preuve d'une éducation ratée. Les parents d'un enfant autiste n'ont même pas le droit à la compassion des passants, ils doivent au contraire bien souvent subir les jugements et les conseils moralisateurs. Et cet isolement... Comment sortir, voir des amis, quand tout peut être l'occasion d'une crise ? Comment même envisager de confier l'enfant à un parent ou à un ami, quand il peut dégoupiller pour un rien (au yeux de l'autre) qui est tout (pour lui) ? 
Pourtant, les toutes petites victoires sont autant d'occasion de retrouver l'espoir. Ce sont des petites pépites, loin, très loin des rivières de diamants que nous offrent parfois les réussites de nos autres patients, mais qu'il faut savoir savourer. Parce que de victoire en victoire, on construit doucement avec eux le long et sinueux chemin vers la communication retrouvée. 
Bon, c'est bien grandiloquent, tout ça, et pas très funky. 
Mais je te rassure, avec mes petits patients autistes, j'ai eu mon lot de morsures, de jouets cassés, de régression et de tympans vrillés, mais j'ai au aussi de beaux moments. 
Magnéto, Serge !