Cette note est une spéciale kas-dédi à Vincenzo,
toi même tu sais, love dans ton cœur.
Zami, Zamie, j'inaugure une nouvelle rubrique : la
BOITE A OUTILS !
Parce que après tout, y'a pas de raison, faut partager les bons plans. Et les bricolouilles maison, si elles peuvent servir à d'autres, c'est encore plus mieux et ça donne moins l'impression d'avoir passé trois heures sur un truc pour pas grand chose...
Alors après
le jeu des formes et des couleurs, après
le générateur de Dobbles, voici un nouvel outil à télécharger et à enregistrer sur ton disque dur d'ortho qui a 1000 fichiers à trier :
le loto / mistigri / jeu de cartes des représentations visuelles !
Ahem... Oui, bon, ça pète pas des masses comme titre. Mais au moins c'est explicite ! ... Non ? ... Oh, bon, d'accord, je vais t'expliquer !
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Voilà, ça, c'est le jeu de cartes en question. De la haute technologie ! |
Bon. Par où commencer ?
Je ne vais pas te faire un cours sur les systèmes de communication alternatifs ou augmentatifs et leur mise en place, d'abord parce que je ne vais pas m'en sortir, et ensuite parce que... Parce que je ne vais pas m'en sortir.
Donc, résumons à trèèèèès gros traits, genre au pinceau de 9 cm de largeur :
Il y a des tas de raisons pour qu'un enfant ne parle pas.
Heureusement, il y a aussi des tas de façons de communiquer sans parler.
La prochaine fois que tu tombes sur une série ou un film (et que tu peux supporter d'en manquer quelques minutes : évite de faire ça avec le dernier épisode de Breaking Thrones et consorts...), coupe le son, et regarde les images. Les gestes, les regards, les mimiques, les postures... Tout ça, c'est du langage. Du langage non-verbal, mais du langage. De la communication.
Et bien ton petit patient qui ne parle pas, tu vas lui apprendre à faire pareil, et à développer tout ça, pour qu'il arrive à se faire comprendre. Et même pour que, grâce à ces premiers pas dans la communication et l'échange, il apprenne à utiliser les mots.
A cet enfant qui ne parle pas, on peut proposer des images, des pictogrammes, des gestes : ce ne sont pas les méthodes qui manquent ! PECS, MAKATON, utilisation de la LSF, du système BLISS... Le tout, c'est de trouver celle qui convient le mieux à l'enfant, et, bien sûr, de l'adapter à ses besoins.
Adaptation, personnalisation, individualisation : si je devais gagner 1€ à chaque fois que j'utilise un de ces mots, j'aurais déjà mon château en Espagne.
Revenons un instant sur ces systèmes de communication alternatifs ou augmentatifs dont je te parlais un peu plus tôt : quand on commence à expliquer à des parents / des enseignants / des accompagnants... qu'on va apprendre à l'enfant à parler avec des images et/ou des gestes, en général, ils flippent. "Quoi ?! Mais vous voulez dire que mon enfant ne parlera pas comme les autres ? Il fera des gestes ? Montrera des images ? Mais personne ne va le comprendre !". Alors bon, déjà, on a dit ALTERNATIF ou AUGMENTATIF : dans le premier cas, certes, petit-loup parlera à sa façon, avec des gestes, des images, des pictogrammes... Mais, après tout, si cela lui permet de se faire comprendre par son entourage formé à la même méthode, n'est-ce pas déjà mieux que rien du tout ? Et puis surtout, même si on installe ce mode de communication alternatif, on garde en tête qu'il peut devenir "simplement" augmentatif. C'est à dire que, grâce au support des images ou des gestes, l'enfant pourra dire les mots correspondant, et se faire comprendre. Et je garde en tête cette jeune patiente trisomique de 12 ans qui se fait très bien comprendre tant qu'elle signe en même temps qu'elle parle, mais qui devient mutique dès que tu l'empêche d'utiliser ses mains...
Et donc, pour savoir quelle méthode utiliser et comment la mettre en place, il faut commencer par voir quel est le niveau d'abstraction de cet enfant qui ne parle pas. Parce que si tu essayes de mettre en place une communication par échange de pictogrammes avec un gamin qui n'a pas compris qu'un rond représente un ballon, et bien ça ne va pas être facile...
(... pas facile, mais pas impossible, on y reviendra !)
- Pour résumer dans le résumé, disons que, au niveau 1, l'enfant est capable d'associer deux objets identiques. C'est un minimum. C'est ce que VERPOORTEN appelle le stade perceptif.
- Un peu au dessus, l'enfant est au stade présentatif : il peut associer l'objet et sa photo. C'est pas mal.
- Au niveau 3, il peut mettre en lien différentes représentations d'un même objet : une photo, un dessin, un pictogramme plus ou moins stylisé... Là, il peut faire du tri, classer les choses, c'est à dire prendre en compte les caractéristiques de l'objet et de sa représentation. C'est le stade représentatif, et c'est carrément bien.
- Enfin, quand l'enfant sait non seulement associer et différencier les objets et les images, mais aussi expliquer quelles sont les différences et les points communs, il peut émettre un avis sur les choses qu'il perçoit. C'est le stade méta-représentatif. C'est tout simplement merveilleux.
Et donc, ce loto/mistigri/jeu de cartes ?
J'y viens.
Regarde bien : j'ai sélectionné 12 mots/concepts (issu des premiers niveaux du vocabulaire MAKATON, des objets concrets, du quotidien
- oui, oui, même la vache - et aisément identifiables), et pour chacun j'ai pris une photo, un dessin, un pictogramme ARASSAC, un pictogramme MAKATON, et le mot écrit de deux polices différentes et complémentaires.
Ouep, on dirait pas comme ça, mais non, ça n'est pas un bête jeu de loto avec des p'tites nimages mignonnes choisies au hasard. Que néni mon zami !
Alors avec ces petites cartes là, que tu vas imprimer, plastifier, et découper, le tout en double bien sûr, et avec amour et application, tu vas pouvoir tester un peu le niveau de représentation visuelle de ton patient !
Elle est pas belle la vie ?
Oui, je trouve aussi.
Donc, voilà : là en dessous, y'a les planches de cartes. Tu cliques, tu fais "enregistrer sous", et zou.
Avec ces images, tu vas travailler les différents niveau d’abstraction de ton patient : tu prends les photos, et hop, avec ton p'tit-loup-qui-parle-pas-ou-pas-bien, vous allez chercher les dessins qui vont avec. Ou pareil avec les pictogrammes. Ou bien tu retournes deux jeux de cartes face cachées sur le bureau, et hop, c'est parti pour un mémory endiablé ! Enfin, bon, je ne vais pas t'apprendre à utiliser des cartes de jeu, hein... ;)
Petites remarques :
- j'évite quand même de diffuser ces planches sur les sites de partage, comme PONTT par exemple (bien connu des zorthos !), parce que je ne sais pas si les photos que j'ai utilisées (trouvées via Google images) sont libres de droit, et que je suis quasi-sûre que pour les pictos Makaton, ça ne le fait pas...
- évidemment, les cartes "mots", je ne les utilise qu'avec les enfants qui travaillent déjà l'acquisition du langage écrit, pas avec mes p'tits-choupis-sans-langage...
- et donc, si p'tit loup ne sait pas associer une photo et son pictogramme, doit-on renoncer à mettre en place un système de communication par images ? Non, mais ce sera juste plus long. Il faudra travailler par répétition, répétition, encore, et encore, et encore... Mais il va y arriver ! Si !
En gros, savoir quel est le niveau de représentation visuelle de ton patient, c'est justement ça qui va t'aider à mettre en place la communication par images de la meilleure manière qui soit :
- avec un enfant qui en est encore au stade perceptif, on travaille par ritualisation.
- au stade présentatif, on développe la généralisation.
- au stade représentatif, l'enfant est au premier niveau de symbolisation : on peut intégrer directement les pictogrammes (youhouuuuuu !).
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Et ça, c'est le jeu en cours d'utilisation ! |
Bon, évidemment, tout cela ne suffit pas : il faut aussi évaluer les compétences d'imitation, de pointage, d'attention conjointe, le niveau de jeu aussi (d'exploration, d'imitation sociale, symbolique...). Si tu veux en savoir plus, je te conseille
cet ouvrage très complet de Roger Verpoorten (oui, oui, le même que tout à l'heure !), Ilse Noens et Ina van Berckerlaer-Onnes : "évaluer la communication et intervenir", une bible !
Sur ce, j'en, ai encore fait des tartines, juste pour 5 planches d'images à télécharger...
La prochaine fois, promis, je m'essaye à la concision. Du vrai challenge...