mercredi 22 janvier 2014

Mon vagin, mon choix, ta gueule !

OK, c'est un peu radical comme slogan, mais c'est efficace.
Donc, voilà :
Via https://www.facebook.com/sylvain.runberg
Je voulais commencer l'année avec une petite note rigololante, mais y'a des sujets avec lesquels j'ai du mal à blaguer. Pis de toute façon, les féministes, elles ont pas d'humour, alors...
Alors ? Rien. Je rigole pas : je fulmine, je rage, je désespère et j'hallucine.
Nom de Zeus, Marty, ils veulent revenir 50 ans en arrière ! Qui ça ? Les Espagnols, déjà. Et puis les Suisses aussi : eux en sont à faire le plein d'essence de la Delorean mais le démarrage approche. Et puis les Français, aussi, si on fait pas gaffe. Bref : un peu tout le monde. Parce que bon, quand même, trop d'avancées sociales et humanistes, c'est pas bon. Y parait. J'ai pas compris pourquoi, mais il semblerait que cela nous amène tout droit dans les abîmes de l'enfer (ah oui, ça aussi c'est du concept qu'il est tout beau tout neuf tout innovant tout moderne !), ou dans les profondeurs abyssales de la crise économique (parce qu'évidemment, loin de nous l'idée de mettre en concurrence les pépettes et les questionnements existentiels, mais un peu quand même).

En Espagne, donc, le droit à l'avortement risque d'être compromis. Le gouvernement espagnol a en effet soumis un projet de loi pour "restreindre drastiquement" le droit à l’avortement pour les femmes espagnoles. Restreindre drastiquement, en gros, ça veut dire : plus d'avortement. Du tout. Plus le droit. Illégal, l'avortement !
Pourquoi donc ? Mais parce que c'est la criiiiiiiise ma brave dame. Tu vas me dire qu'elle a bon dos celle là, mais en fait, si, c'est la faute à la crise. Parce que la crise, ça entraîne du chômage, des gens mécontents qui cherchent des boucs émissaires, des revirements politiques parce que "c'est de leur faute à eux alors on va voter pour les autres" et paf, on se retrouve avec le Partido Popular au pouvoir. Et le PéPé, à peine installé dans le beau fauteuil au chaud, il commence par faire voter des lois à la con pour montrer que "Hey, z'avez vu ? On fait bien bouger les choses, pas vrai ? Pas comme les autres pignoufs d'avant !". Ouais. Et super bien dans le bon sens, dis donc.

Sauf que c'est complètement débile, en plus d'être rétrograde. L'argument du coût économique des avortements ne tient pas la route. Parce que tout simplement, quand il sera illégal d'avorter, les femmes ne s'arrêteront pas pour autant de le faire. Elles continueront. Mais illégalement. Avec des aiguilles à tricoter, des cintres, des décoctions et des lavements à l'eau de javel. Gé-nial.

via https://www.facebook.com/rhrealitycheck

Et, c'est bien connu, les soins à apporter aux femmes des suites des complications d'avortements illégaux, ça coute beaucoup moins cher que l'avortement en lui même, encadré par des professionnels compétents. Toutafé. Les conséquences des avortements clandestins, c'est keutchi-banana, hein : blessures, hémorragies, stérilité, infirmité, mort. Trois fois rien.


Je n'évoque là que l'aspect économique de la chose, et ça suffit déjà à montrer que c'est du grand n'importe quoi. Mais l'aspect moral, le respect du libre-choix, les jugements de valeur, la détresse des femmes et autres joyeusetés, ça, on s'en bat l’œil avec une patte arrière de zébu.
Mais c'est pas grave, on aura sauvé nos ââââââmes et respecté la viiiiiiie, alors hein, si on pouvait arrêter nos simagrées aussi, ce serait bien urbain.
Sans déconner...

Et c'est pas moi qui le dit, hein...

Osez le Féminisme a lancé une campagne contre ce projet de loi : http://mybodycampaign.org/fr/

Il y a une pétition, des manifestations, des délégations françaises en Espagne, des murs de photos pour exprimer notre soutien : "Nuncà mas !" (= "Plus jamais ça !")

"Parce que les aiguilles à tricoter ne devraient servir qu'à faire de beaux ouvrages."
Merci maman pour la photo (même que je suis dans Grazia d'abord).



L'Espagne, c'est notre voisin. C'est juste à côté. C'est en Europe. Tu imagines si le projet de loi passe ? Tu te rends compte du précédent ? C'est la porte ouverte à toutes les fenêtres ! Les pro-vie, les conservateurs et autres coincés du bulbe se lâcheraient comme des zabrutis (qu'ils sont) pour y aller à leur tour de leur rétropédalage.
Et ça commence déjà...
En Suisse, tiens, ça se précise. Nos chers voisins ont la réputation d'aimer le chocolat et l'horlogerie, et de ne pas être trop regardants sur la provenance des gros billets. Réputation, image d'Epinal, tout ça... Mais je m’interroge. Y'a pas de fumée sans feu, tout ça, soit. Mais alors comment les Suisses peuvent-il avoir une telle réputation de précision et de richesse quand les calculs les plus simples leurs restent apparemment hors de portée ? Non parce que bon, j'ai lu quelque part que les interruptions volontaires de grossesses correspondent à 0,03% des dépenses de santé en Suisse. Mais ça, apparemment, c'est trop, donc en février prochain, il y aura un référendum en Suisse sur le déremboursement de l'IVG. Ben oui, faut faire des économies, et puis en plus une IVG ça ne regarde personne d'autre que ceux qui y ont recours, c'est privé, hein, on va pas s'en mêler (et encore moins payer...) ! On verra combien ça coûte de prendre en charge la santé des femmes qui auront eu recours aux avortements clandestins, déjà. Et puis c'est vrai que tout cela est très moral : non, non, non, on ne va pas s’immiscer dans les affaires privées des gens, allons, allons. Sauf que du coup, ce ne sera plus une affaire privée, mais une affaire de sous. Su-per.

Pour que vous puissiez être bien égoïstement moralisateur et radin, votez oui !

Là encore, tu peux envoyer ta photo de soutien à OLF, et puis signer la pétition ici.
Tu vas me dire que ça ne servira pas à grand chose, mais même si mon costume de Bisounours en prend un sacré coup ces temps-ci, je reste persuadée que si, ça sert. Parce que « Celui qui se bat risque de perdre, mais celui qui ne se bat pas a perdu d'avance » (Bertold Brecht). 



Et puis va savoir, faudrait p't'être qu'on s'échauffe un peu, qu'on s'entraîne au mégaphone et qu'on apprenne à se battre, et pour nos pommes cette fois-ci, parce que je ne suis pas sûre que ça ne nous tombe pas bientôt sur le coin de la figure, ma brave dame...
Je dis ça, je ne dis rien, mais quand même : chez nous aussi, on a une sacrée tripotée de zabrutis.
En gros, y'a des députés UMP qui trouvent que ce serait pas mal de dérembourser l'IVG, tandis que François Fillon affirme qu'il ne faut pas supprimer la mention de "situation de détresse" pour l'accès à l'IVG, parce que tu comprends, tout ça, ça banalise l'IVG.
Tiens, tiens... Ça me rappelle une chouette formule toute droit sortie de la bouche de la fille à Jean-Marie : "l'IVG de confort". Oui, oui, de confort, comme dans "Ah nan mince j'arriverai un peu en retard au resto parce qu'à 17h, j'ai IVG !". Mais bien sûr !!!

HEUREUSEMENT, ça n'est pas passé !
L'amendement d'une quinzaine de députés UMP pour dérembourser l'IVG a été très majoritairement rejeté, par 142 voix contre 7. La ministre a justifié qu'il était "insupportable" de vouloir "exclure du droit à l'IVG les femmes les plus modestes".
Pfiou. On respire. Mais faut pas relacher la pression. D'abord pour nos voisines Espagnoles et Suisses, et ensuite pour nous, parce que comme tu le vois ça remue pas mal dans le coin aussi sur la question du droit des femmes à disposer de leur corps.
Mon corps, mon choix. Ta gueule.
On y revient.
Actuellement en France, on peut avorter jusqu'à 14 semaines aménorrhée. Mais c'est pas si facile. Pas si facile d'avoir le choix, pas si facile d'accéder aux informations, pas si facile de ne pas avoir à se justifier et à faire face à des zabrutis moralisateurs et rétrogrades.
Par exemple, si tu veux te renseigner sur l'IVG et que tu demandes à Google de t'aider à trouver des infos, tu vas avoir la vilaine surprise de trouver en première page des sites et forums tenus par des "pro-vie". Je viens de tester, et franchement, c'est pas glop. Mais c'est très bien fait puisque ces zabrutis avancent bien couverts, avec de douces paroles, et sous prétexte de te renseigner sur les démarches et les conditions, tout est fait pour te pousser à renoncer à l'IVG. Tiens, par exemple, dans la catégorie "démarches et droits", on ne t'indique pas la procédure à suivre pour avorter, mais tes droits en tant que femme enceinte, pour le RSA et les allocations familiales. Tu vois le genre ? Ou comment culpabiliser les femmes qui veulent disposer de leur corps, pour des raisons qui n'appartiennent qu'à elles !
Alors si tu veux aider, clique là :


C'est le site officiel du gouvernement sur l'IVG, et il faut aider à le référencer, pour que les femmes qui se posent des questions sur l'avortement trouvent une main tendue plutôt qu'un tarte aux phalanges.

(Et bon sang, que j'en ai eu, du mal, à trouver des images pro-IVG ! Les articles et sites sur le sujet, et même Google image : ce sont plus souvent les affiches et photos des anti-IVG que l'on trouve... Tiens, je n'ai pas réussi à mettre le clic de souris sur une affiche qui dit "non" en Suisse !)

4 commentaires:

  1. On respire pas trop vite, la loi n'est pas passée devant le Sénat. Merci pour ton article. Moi qui ne sait pas les écrire ceux là, qui ne trouve jamais les mots quand la rage est si forte...

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  2. Et quand j'entends les propos de Marion Maréchal-Le Pen (c'est dingue comme j'entends beaucoup -trop !- la famille Le Pen en ce moment sur les ondes !) qui veut le déremboursement de l'IVG parce que «Ce n'est pas à l'Etat de réparer les inattentions des femmes», je me dis que, effectivement, c'est LOIN d'être gagné. Surtout qu'il y a un paquet d'élus qui font des ronds de jambes à ce genre de propos. Et que le petit retournement de situation politique qu'a connu l'Espagne pourrait bien nous tomber sur le coin de la tronche dans pas si longtemps...

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  3. Les aiguilles pour les beaux ouvrages !

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Commentaires, remarques, critiques : lach T comz.